Une journée à Cœur d’école, par Nadège (Année scolaire 2020/2021)

Et voilà 2 ans et demi que l’école est ouverte… Une école qui n’a cessé de grandir, d’évoluer et qui désormais comporte deux groupes : les enfants de 3-6 ans et de 7-12 ans, au sein d’un même « groupe-classe ». J’ai eu l’élan et la curiosité d’aller y passer une journée pour rédiger un nouvel article, et ainsi informer sur ce qui se vit aujourd’hui. Les choses évoluent au gré des envies et des besoins dans notre école !

L’arrivée des enfants

Durant le temps d’accueil des enfants, de 8h30 à 9h30, les enfants font des activités libres dans la classe sous la surveillance d’une enseignante. A 9h30, les enfants s’installent dans le calme pour les réunions du matin, chacun dans sa salle.

La matinée

La réunion du matin

La matinée démarre avec le changement journalier des métiers. Au début, c’était sur la base du volontariat. Un enfant a fait une proposition de changement car les enfants se disputaient les métiers. Désormais, chaque jour, les métiers changent d’enfant en enfant afin que chacun puisse expérimenter chaque métier (exemple : animer la réunion, ranger la classe, etc.).

S’en suit le temps de réveil corporel : certains enfants observent, d’autres répètent les gestes de l’enseignante Julie, qui explique chaque geste en les réalisant, nommant ainsi les parties du corps. Elle change d’enchaînement à chaque période et une fois que les enfants l’ont mémorisé, un enfant anime ce temps lui-même pour le groupe : c’est aussi un métier.

Ce matin, A., 5 ans et demi, est maître de réunion : elle l’anime fièrement à l’aide d’une fiche mémo. « On commence avec le ‘‘Comment je me sens’’ ? » Certains se sentent bien, fatigués, contents de revoir l’enseignante, d’autres expriment qu’ils ont faim. A. : « Je suis content car j’ai vu un oiseau dans ma maison ; mon chat a attrapé… il est pas mort ». Z., 3 ans, essaie de comprendre, ce n’est pas clair pour elle. L’enseignante et un enfant demandent à l’enfant de réexpliquer et il y arrive bien. « Merci, cette fois, j’ai mieux compris ! »

Petit à petit, les enfants développent leur aptitude à s’exprimer à l’oral car c’est important de se faire comprendre de tous en réunion !

La jeune animatrice de réunion, aidée de l’enseignante, lance le second point : c’est le moment de “compter les présents”. C’est au tour d’I., 3 ans, de compter : « on est 12 » ! Les enfants applaudissent car I. a réussi à compter jusqu’à 12. L’enseignante demande si un enfant peut montrer comment on écrit 12. Un enfant amène l’étiquette à l’enfant qui a compté, qui l’observe et la repositionne.

Le « Quoi de neuf »

C’est l’heure du « Quoi de neuf ? ». Le maître de réunion regarde sur le tableau des inscriptions et déchiffre le nom du jour de la semaine et le prénom inscrit au dessous. S. présente une voiture à traction et prend les questions et remarques : E. : « J’adore le rouge ». I : « Moi j’ai une voiture plus petite et verte ». I., 3 ans, présente son dessin d’un buffle. Questions/ remarques : « C’est quoi un buffle ? « Ça a des grandes cornes ». « Ça ressemble un peu au bison.» « On pourra regarder la différence entre un buffle et un bison ? ». « Je voudrais regarder la vidéo d’un buffle. » Julie le note dans la liste des projets collectifs. C’est l’un des intérêts du “Quoi de neuf” : donner l’impulsion pour démarrer des projets de recherche, d’approfondissement. C’est le moment des propositions.

Les propositions

Ensuite, la matinée est divisée en trois temps d’activité, que les enfants choisissent d’effectuer dans l’ordre de leur choix : activité écrit / mathématiques / projet personnel.

Le temps d’ouverture

Les enfants se rassemblent pour le temps commun d’ « ouverture » : regarder un reportage, atelier philo, lecture, débat. Les enfants ont créé une nouvelle règle récemment : ils peuvent faire un dessin ou lire s’ils le veulent – quatre enfants vont lire ou dessiner.

Réunion d'école

Les autres se rassemblent pour écouter un « grand récit Montessori » expliqué par Marianne. Après avoir abordé la vie sur terre et les premiers hommes, c’est l’invention du langage qui est abordée aujourd’hui. Un débat naît sur les différentes formes de langage : le dessin, les émoticônes, etc. L’intérêt se lit sur les visages et certains poursuivent la discussion un moment ! Le mois dernier, ils avaient lu des biographies, extraites du livre « Les femmes qui ont changé le monde », livre amené par L. à l’école, l’occasion d’aborder les droits des femmes,  la citoyenneté, etc.

Les 4 tuteurs partent aider les petits.

Le repas

Les enfants partent manger, accompagnés par deux parents, les enseignantes étant en pause déjeuner. Les enfants mangent dehors ou dedans selon la météo, puis peuvent jouer ensuite sur la terrasse. Des permis pour rester à l’intérieur ont été délivrés aux enfants suffisamment autonomes. A 13h30, les plus petits partent faire la sieste avec Julie et Marianne vient surveiller les enfants dans la pinède. Elle fait passer le permis « épée » aux enfants : elle leur indique les règles de sécurité et les sacrent « chevaliers » !

Gestion d’un conflit

Ce midi, un conflit éclate entre L. et C. L’un a poussé l’autre, qui est tombé et s’est fait mal et pleure. Ils sont invités à respirer une ou 2 fois et à s’asseoir pour se parler : « Qu’est ce qu’il s’est passé pour toi L. ? Pour toi C.? ». Ils racontent chacun leur version. « Il m’a poussé et puis je suis tombé, ça m’a fait mal. » « Quand tu m’as tiré par le bras, ça m’a mis en colère et du coup je t’ai poussé. Pardon je voulais pas te faire mal, je voulais juste que tu arrêtes de me tirer le bras, j’aime pas du tout ça.»

Cela permet déjà de mieux se comprendre. « Comment tu t’es senti quand C. t’a fait cela ? Et toi ? Et comment tu te sens maintenant que tu sais ? ».
L. : « Triste car j’ai mal ! ».
C. : « En colère quand il m’a tiré le bras et triste maintenant qu’il a mal à cause de moi. Je suis désolé L. »
Cela permet également de se responsabiliser. « De quoi as-tu besoin maintenant ? As-tu quelque chose à demander à L. et inversement ? ».
« Je voudrais qu’il ne me tire plus le bras. » « Ok »
« Je voudrais qu’il ne me pousse plus. » « Ok »
« Comment tu pourrais faire autrement que de pousser L. pour qu’il arrête de te tirer le bras ? »
« Lui dire que j’aime pas et lui demander d’arrêter ?» « Oui ou aller voir un adulte si tu ne t’en sors pas car pousser quelqu’un est interdit dans l’école car cela peut faire mal.

Les 2 copains commencent alors une discussion sur un autre sujet car tout a été exprimé et le calme est revenu très vite. Magique…

La gestion des conflits et des limites se passe par la voie du dialogue au “je” : rappel des faits, expression des ressentis et besoins, demande et/ou réflexion commune sur des solutions créatives à imaginer ensemble. Cette manière de communiquer, dépourvue de jugement ou comparaison, instaure un climat de sécurité.

L’après-midi

A 14h, les enfants reviennent en classe, c’est le temps lecture. Chacun lit silencieusement dans son coin ou bien des grands lisent aux plus jeunes.

La réunion d’école

Puis, c’est l’heure de la réunion d’école (les enfants des 2  groupes sont réunis : les sujets concernent l’ensemble des enfants), animée par  J., 7 ans.

Propositions :

– E., 9 ans : “Il y a des chaussures, des gilets qui trainent par terre dans l’entrée, c’est gênant”. Les enfants concernés disent qu’ils vont faire plus attention. 

– E., 12 ans, pose le problème des brigades du silence, elle n’a pas de solution mais voudrait qu’on y réfléchisse ensemble : « Il fait froid quand on attend dehors quand nous sommes les brigadiers du silence ! » => ce sont toujours les mêmes qui sont à la même place et c’est agaçant.

Après avoir écouté les interventions, E. formule une proposition qui en tient compte : « je propose une équipe de 5 ou 6 brigadiers de silence par semaine qui change chaque jour de place (lavabo, bibliothèque, portes manteaux, etc.). Une place dehors éventuellement si le 6ème enfant a envie. Les enfants font un tour de parole pour voir s’ils sont tous d’accord. Adoptée !

Les ateliers

C’est le temps des ateliers. Chaque enfant choisit d’aller : 

  • en « atelier » : les thèmes d’ateliers sont variés et peuvent être proposés et animés par les enseignantes ou par les enfants : anglais, culture du monde, porter secours, comment la chenille devient papillon, histoire, etc. Certains ateliers correspondent à une série d’ateliers qui se suivent chaque semaine, comme les ateliers histoire.
  • en « projet personnel » : une règle a été décidée : ils peuvent choisir « projet » un nombre de fois limité. Ils peuvent ainsi démarrer ou poursuivre un projet : article de journal, construction de ville en carton, projet décalcomanie, projet BD,  etc.
  • ou en « activité autonome » : les activités autonomes correspondent à une proposition faite par une enseignante, par exemple, dessin de nature. L’enseignante va guider l’enfant et/ou apporter des supports au début de ce temps.
  • une fois par semaine, une sortie en garrigue est proposée.

Marianne anime un atelier aquarelle avec 4 enfants, Julie anime un atelier préhistoire avec trois enfants. Joël, un papa de l’école, poursuit sa série d’ateliers épée dans lequel les enfants tournent : ils ont dessiné leur épée, coupé avec la scie pour les plus grands, poncé, … Quatre enfants sont inscrits en atelier autonome « construction en Kapla ». Après avoir réalisé quelques constructions, ils rejoignent l’atelier aquarelle. Le calme règne dans l’école et chacun est absorbé par sa tâche. 

La fin de journée

Le journal de bord

A 15h45 chez les Affreux Jojos, c’est l’heure du carnet de bord où chacun écrit ce qu’il souhaite sur sa journée, aidé et corrigé par les enseignantes. Des enfants s’aident de leur « cahier outil » pour l’orthographe/conjugaison.

Marianne fait remarquer à L. qu’elle n’a fait aucune faute d’orthographe sur son journal de bord et la félicite.

A 15h30 chez les Barbapapas, les non-scripteurs dessinent et Julie écrit sous leur dictée. Peu à peu, des enfants se mettent à écrire la date, puis quelques mots, puis des phrases. C’est le cas de K. qui écrit comme elle entend depuis peu sur son cahier de bord.

Les présentations

16h : Puis, c’est le temps des présentations. Les enfants se retrouvent à nouveau dans chaque  salle : les aquarelles, décalcomanies, constructions sont présentées, les textes écrits le matin sont lus. Une enfant est applaudie à la fin de son histoire ! Elle est fière et heureuse !

Les présentations sont ainsi une occasion de partage de savoirs et savoir-faire entre les enfants, d’inspiration. Les remarques ou questions permettent à l’enfant qui présente de prendre des idées pour améliorer son travail pour la prochaine fois et d’être valorisé.

Brigades de la joie et météo du cœur

Enfin, la maître de réunion enchaîne sur les brigades de la joie. Les enfants ont inventé ce terme pour pouvoir exprimer leur reconnaissance envers un ou plusieurs enfants ou adultes lui ayant fait du bien au cours de la journée ou ayant fait du bien à quelqu’un. Le groupe s’autogère :

Z. : “Brigade de la joie à Joël pour les ateliers épées ! Brigade de la joie à L. car je l’ai vu aider E. à attraper son sac !“

Les enfants sont en général très heureux de recevoir des brigades, on sent qu’ils rayonnent de joie !

Puis vient le temps de la météo du cœur : chacun exprime comment il se sent avec des mots pour les plus grands ou des signes pour les petits, chaque groupe est dans sa classe. A., 5 ans : “ j’ai mis un grand soleil !”.

Il est 16h30 et les parents peuvent récupérer leurs enfants jusqu’à 17h30 ! La garderie est assurée par un parent + un enseignant jusqu’à 17h, puis de 17h à 17h30, par un parent seul si les enfants ne sont pas plus de 15 au total.

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